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L’Identité Numérique, ou l’Enfer du Selfie Administratif
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Par Jules Masterix
Nous sommes en 2025. On nous promet la dématérialisation totale, l’efficacité suprême. La République, dans sa grande sagesse, exige que nous possédions une Identité Numérique pour signer les papiers importants. Magnifique ! Adieu la paperasse, bonjour la simplicité !
J’ai donc cédé. J’ai téléchargé l’application du fournisseur unique, celui dont le logo jaune et bleu nous rappelle l’époque bénie des timbres et des files d’attente humaines. L’objectif : obtenir le sésame FranceConnect++.
Mais l’application, chers amis, n’est pas un outil. C’est un concours d’humiliation masqué en démarche administrative. Huit tentatives ! Huit fois où j’ai joué au contorsionniste devant mon smartphone, tentant de caler mon visage dans le cadre blanc fantomatique pendant que l’IA, visiblement myope, me prenait en photo les oreilles ou le plafond.
Le Bal des Erreurs et l’Attente Spirituelle
Imaginez la scène, digne d’un sketch burlesque : l’iPad posé sur une pile de livres, ma carte d’identité tordue sous une lumière de lampe de chevet pour éviter les reflets, et moi, murmurant des injures à un algorithme qui m’ordonne d’incliner la tête vers la droite, puis vers la gauche, puis de jurer sur l’honneur que je suis bien mon propre reflet. Échec.
L’application est ensuite entrée dans une phase de purgatoire numérique : une attente de deux à trois heures pour le verdict. Deux à trois heures d’espoir, suivies d’une sentence laconique : « La vérification n’a pas pu aboutir. Veuillez réessayer. » Mon âme, mon matériel (Android et iOS), tout y est passé. Les nerfs à vif, les fous rires nerveux qui montent devant l’absurdité de la situation : un service essentiel qui ne fonctionne que si vous avez un éclairage de studio de cinéma et une flexibilité de danseur étoile !
C’est la preuve que le confort numérique est un privilège réservé à ceux qui n’en ont pas besoin. Il est facile de vanter la dématérialisation quand on ne doit pas faire la danse du soleil avec un passeport sous la menace d’un échec cuisant.
Le Dénouement Humain : 3 Minutes
Le véritable dénouement est arrivé en revenant à l’Humain. Vaincu par l’IA et ses exigences tyranniques, j’ai capitulé et fait ce que l’on fait depuis des siècles : faire la queue à La Poste.
Là, une conseillère, un être de chair et d’os doué de bon sens et de capacité de lecture non-robotique, a saisi ma pièce d’identité. Elle a coché la case « valider ». Temps total de la procédure : trois minutes. Trois minutes contre une journée complète de combat psychologique, de stress technologique et de selfies ratés.
J’en tire une leçon de maître : le « confort numérique » est souvent un labeur numérique caché, imposé par des systèmes qui n’ont pas encore compris que l’humain est imparfait, mal éclairé, et ne tient pas toujours sa carte d’identité dans un angle parfait. Parfois, la façon la plus simple d’être moderne est de rester désespérément classique.
Mon conseil, citoyens numériques ? Si l’IA vous humilie, revenez à la file. Votre santé mentale vous remerciera.
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